L’eau comme refuge pour les femmes touchées par l’endométriose
Mars, mois de l’endométriose : comprendre la maladie et ses impacts
Mars est le mois de sensibilisation à l’endométriose en France. Une période essentielle pour donner de la voix à cette maladie encore trop méconnue et pourtant si invalidante. L’endométriose touche près d’une femme sur dix en âge de procréer. Il s’agit d’une affection gynécologique chronique où l’endomètre, ce tissu censé tapisser l’intérieur de l’utérus, se développe en dehors de celui-ci, provoquant douleurs, inflammations et parfois infertilité.
Les symptômes sont multiples et varient d’une femme à l’autre : règles extrêmement douloureuses, troubles digestifs, douleurs chroniques irradiantes, fatigue intense… Mais au-delà des souffrances physiques, l’endométriose affecte aussi la vie personnelle, professionnelle et psychologique des patientes. Se sentir enfermée dans un corps qui souffre, incomprise et limitée dans son quotidien : voilà une réalité que trop de femmes partagent.
Dans cette obscurité, il existe pourtant des lueurs. L’art, le mouvement, l’eau, peuvent devenir des alliés, des refuges. C’est ainsi qu’est né ce projet.

Une rencontre sous l’océan : Coraline, l’endométriose et l’apnée
La mer, ce vaste horizon de possibles, a été le décor de ma rencontre avec Coraline. Un jour de sortie en apnée, sur un bateau bercé par les vagues, nos regards se croisent. Elle partage son histoire, sa douleur, mais aussi sa détermination à transformer sa réalité. Ensemble, une idée émerge : et si nous utilisions l’image, la création artistique, pour parler de cette maladie autrement ? Pour traduire en visuel ce que les mots peinent parfois à exprimer ?
L’endométriose est une prison invisible. Elle isole, contraint, enferme. Mais elle ne définit pas une femme. Ce projet est né de la volonté de rendre visibles ces sensations, puis d’en montrer l’échappatoire possible.


De la douleur à la liberté : un diptyque en immersion dans l’endométriose
Premiers clichés : la douleur, l’emprisonnement
Notre première séance se déroule en piscine. Nous voulions des images brutes, viscérales. L’eau, souvent synonyme d’apaisement, devient ici un élément oppressant, une surface infranchissable. Coraline, immergée, exprime avec son corps les tensions intérieures, l’enfermement que la douleur impose. Les reflets se brisent, les bulles se figent. Ces images ne sont pas confortables, elles sont le reflet d’une réalité difficile.
Chaque femme atteinte d’endométriose comprendra ce combat silencieux. Une lutte contre soi-même, contre un corps qui, certains jours, semble ne plus appartenir.
Deuxième immersion : la mer comme libération
Puis est venu le second tournage. Un changement de décor radical : cette fois, direction la mer. Ce n’était plus la douleur que nous voulions illustrer, mais l’échappatoire. Cette idée que, malgré tout, un espace de bien-être existe. L’eau salée qui porte, l’immensité qui ouvre le champ des possibles, la respiration qui s’approfondit.
Avec Franck, notre guide et sécurité indispensable, nous avons créé un cadre où Coraline pouvait s’abandonner à l’eau, libre, fluide. Franck, qui nous a présentées, était aussi là pour capter les instants en coulisses, donner à voir les étapes de cette transformation. Il faut être plusieurs pour porter un projet comme celui-ci.
La mer devient ici un écrin. Un espace où Coraline n’est plus seulement une femme atteinte d’endométriose, mais une femme tout court. Forte, présente, vivante.

Un film soutenu par l’association EndoFrance
De ces deux sessions est né un film, un dialogue en images entre la douleur et l’évasion, entre l’isolement et la renaissance. Un projet qui a reçu le soutien d’EndoFrance, l’une des principales associations dédiées à la sensibilisation à l’endométriose en France.
Ce film, accompagné d’une série de photographies, a été conçu pour toucher, éveiller les consciences, donner un espace de représentation aux femmes qui souffrent. Mais aussi pour souligner que malgré la maladie, il existe des instants de grâce. Que le mouvement, la respiration, l’eau, peuvent devenir des alliés précieux.

Une sensibilisation artistique et environnementale
Ce projet ne se limite pas à une prise de parole sur la maladie. Il s’inscrit aussi dans une réflexion plus large sur la relation entre le corps et la nature. L’eau, notre refuge ici, est aussi un espace à protéger. L’océan, qui nous porte, est menacé par la pollution, les microplastiques, le changement climatique.
En valorisant cette connexion entre les femmes et l’eau, nous rappelons à quel point il est essentiel de préserver ce qui nous soigne, ce qui nous offre du répit.
Vers une exposition et un documentaire
Ce projet ne s’arrête pas là. Une exposition va voir le jour, présentant l’ensemble du travail photographique autour de l’endométriose et de la liberté retrouvée dans l’eau.
Un documentaire est également en préparation, pour aller plus loin, pour entendre les voix de celles qui vivent cette maladie au quotidien et partagent leurs expériences de l’eau comme médecine alternative.
Un engagement continu pour les femmes
Ce projet fait écho à d’autres engagements qui me tiennent à cœur. Par le passé, j’ai réalisé des créations autour du cancer du sein, de la fibromyalgie, cherchant toujours à offrir une représentation artistique à celles qui traversent ces épreuves. Loin des clichés, loin de la simple esthétisation, mais avec l’envie profonde d’apporter un espace où l’on se sent vue, reconnue, transcendée.
L’eau est mon langage. Un langage que j’offre à celles qui en ont besoin.